INITIATIVES ET PROGRAMMES DE LUTTE CONTRE LE CANCER
16 CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021
les objectifs attendus à ce stade de déploiement ont été
globalement atteints, malgré les perturbations dues à la
pandémie. Ainsi 19 équipes ont signé ou sont en cours de
signature de l'accord de partenariat. Un centre formateur a été
certifié sur des critères consensuels (équipe pluridisciplinaire
de Bamako). 7 équipes ont déjà amorcé leurs plans pluriannuels
de diagnostic précoce. 13 équipes sont dotées de matériels
permettant les traitements conservateurs avec 11 équipes
formées pour cela, dont 3 ont pu l'être à l'IOTA à Bamako.
Afin d'échanger les expériences sur la prise en charge du
rétinoblastome, une plateforme de discussion par internet des
cas complexes a été mise en place depuis novembre 2020 avec
des réunions toutes les 2 semaines.
Une réunion présentielle de 3 jours de toutes les équipes
francophones est prévue à Dakar début septembre 2021. Les
équipes anglophone et lusophone seront réunies à Kampala en
mars 2022 à l'occasion de la SIOP Africa.
Challenges
L'une des plus importantes difficultés est directement liée à
la pandémie à COVID-19 et son impact sur les populations
des pays à faible revenu comme ceux constituant l'Afrique
subsaharienne. Cette pandémie était imprévisible tant
sur l'importance de son impact que sur sa durée. Avec
l'augmentation de la pauvreté en Afrique subsaharienne qu'elle
entraine (10), il s'installe davantage une barrière financière aux
soins, surtout lorsque ce sont les parents qui doivent payer
les frais de prise en charge de leur enfant. Ceci fait craindre
un faible impact des activités de diagnostic précoce ainsi que
l'augmentation des abandons de traitement curatif pour des
raisons économiques, avec toutes les conséquences sur le taux
de survie.
Pour palier à cette situation inédite qui a déjà duré près de
18 mois, l'AMCC a lancé un projet d'appui financier aux soins
de rétinoblastome lorsque la famille de l'enfant malade est
totalement démunie. Seul le tiers du financement proposé a
été récolté, mais ceci a déjà permis d'aider plusieurs enfants à
débuter rapidement et/ou à ne pas abandonner le traitement
curatif. Cette aide permet aussi parfois d'amorcer le traitement
palliatif pour les formes avancées.
Discussion
Il n'existe pas d'outil adapté permettant de construire un
programme RB quel qu'il soit afin de s'assurer une réussite.
Certains outils de planification ont été proposés pour
déterminer les besoins en ressources humaines pour les
équipes prenant en charge ces enfants atteints de RB en
Afrique (4). Dans notre expérience, nous avons constaté que
les contextes sont différents d'un pays à un autre, voir d'une
province à l'autre au sein d'un même grand pays.
Il parait donc judicieux de s'adapter en fonction du contexte
de chaque équipe pluridisciplinaire mais également de
profiter de l'expertise et des conseils du comité de pilotage
du programme et des partenaires afin de minimiser le risque
d'inadéquation des actions du programme aux réalités sur
terrain.
La pandémie à COVID-19 a déjà occasionné des
perturbations. Sa durée et sa tendance évolutive prédisent un
impact durable. Le moment de survenue de cette pandémie
(avant la fin la première année, toute la deuxième année et
maintenant le début de la 3ème année du programme) coïncide
avec le déploiement d'un pilier capital du programme, à savoir
les activités de sensibilisation au diagnostic précoce. Il nous
parait donc important de poursuivre l'implémentation du
programme, en s'aidant d'un fond de soutien afin de soutenir
les patients les plus démunis, en attendant que les équipes
pluridisciplinaires puissent prendre le relais et assurer le
plaidoyer pour des soins financièrement accessibles au sein de
leurs institutions.
Conclusion
Le RB est probablement l'un des cancers de l'enfant dont
les résultats sont le plus rapidement améliorables par un
programme global tel que celui qui est mis en œuvre. Pour qu'il
réussisse, il est capital de l'inscrire dans la durée. Le soutien
exceptionnel de la fondation suisse pendant 5 ans est un
atout essentiel permettant de le construire progressivement
mais surement et, nous l'espérons, de traverser sans trop de
dommages, l'aléa majeur que représente la pandémie actuelle.
Ce programme de l'AMCC couvre une bonne partie de
l'Afrique subsaharienne mais pas tous les pays qui en auraient
besoin. Nous espérons que la réussite de ce programme aura
valeur d'exemple et sera un argument de poids pour son
extension future. n
Remerciements à l'ensemble des équipes pluridisciplinaires de
Bamako (Mali), Dakar (Sénégal), Abidjan (Côte d'Ivoire), Lubumbashi
(RD Congo), Antananarivo (Madagascar), Accra (Ghana), Bukavu
(RD Congo), Conakry (Guinée), Dar Es Salaam (Tanzanie), Kabgayi
(Rwanda), Kampala (Ouganda), Kinshasa (RD Congo), Lomé (Togo),
Lubumbashi (RD Congo), Maputo (Mozambique), Nairobi (Kenya),
Niamey (Niger), Ouagadougou (Burkina Faso), Pointe noire (Congo),
Porto Novo (Bénin).
Dr Assani Karim, Médecin Pédiatre. A rejoint l'AMCC au
démarrage du programme rétinoblastome 2019-2028 (en Juin
2019) et s'est intégré au sein de l'équipe avec Laurence Desjardins
et Pierre Bey afin de contribuer à l'amélioration du diagnostic
précoce et de l'enregistrement des données sur le rétinoblastome
en Afrique subsaharienne. Congolais d'origine, il a effectué ses