CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021 23
INITIATIVES ET PROGRAMMES DE LUTTE CONTRE LE CANCER
taux de survie d'au moins 60 % pour tous les enfants atteints de
cancer d'ici à 2030, d'alléger les souffrances dans le monde et
de sauver un million de vies supplémentaires (3). Pour parvenir
à cet objectif et améliorer d'au moins 60 % la survie de tous
les enfants atteints de cancer, les principaux objectifs de cette
initiative sont les suivants : 1) améliorer la capacité des pays
à mettre en œuvre les meilleures pratiques de traitement du
cancer de l'enfant et 2) accorder une attention particulière
aux cancers de l'enfant au niveau national et mondial. En juin
2020, le ministère de la Santé publique a lancé le nouveau plan
stratégique national de prévention et de lutte contre le cancer
pour la période 2020-2024. Ce plan prévoit des interventions
prioritaires en pédiatrie de nature à améliorer les taux de survie
globale des enfants atteints de cancer (4).
Le cancer de l'enfant constitue un problème de santé
publique important au Cameroun où, jusqu'en 2000, il
n'existait aucun programme de prise en charge thérapeutique
spécifique pour les enfants. Deux centres de cancérologie
et cinq antennes régionales dispensent actuellement des
traitements aux enfants atteints d'un cancer. Il s'agit du
Centre Mère et Enfant de la Fondation Chantal Biya (CME)
à Yaoundé et du Mbingo Baptist Hospital (MBH) à Bamenda.
Environ 300 cas de cancer pédiatrique sont déclarés chaque
année, ce qui représente environ 30% du nombre attendu
(2). De nombreux enfants atteints de cancer au Cameroun ne
sont jamais diagnostiqués et ne bénéficient par conséquent
d'aucune chance de traitement. Il convient de noter que, faute
de traitement approprié, les enfants atteints d'un cancer n'ont
aucune chance d'y survivre (5).
Il existe de nombreux exemples de l'impact positif que jouent
les groupes spécialisés en oncologie pédiatrique sur la mise en
place de services. Au Royaume-Uni, le Children's Cancer and
Leukemia Group est le plus important organisme caritatif
au service des enfants atteints de cancer et fait fonction de
groupe consultatif pour les professionnels et les patients
(6). Un autre exemple est le Children's Oncology Group qui
est devenu la principale organisation de soins cliniques et de
recherche en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde (7).
Dans des pays moins nantis, comme ceux d'Amérique du Sud,
des améliorations considérables ont été réalisées avec l'aide
de partenaires nord-américains dans le cadre de jumelages
avec l'Asociación de Hemato-Oncología Pediátrica de Centro
América (AHOPCA, Association centroaméricaine d'hématooncologie pédiatrique)
(8). Dans le monde francophone, le
Groupe Franco-Africain d'Oncologie Pédiatrique (GFAOP)
fondé il y a 20 ans, par des médecins africains et français,
est une association médicale qui soutient la création et le
développement d'unités de soins en oncologie pédiatrique
dans 18 pays d'Afrique francophone. Déterminés à mettre
en place des services d'oncologie pédiatrique au Cameroun, les responsables de différents programmes d'oncologie
pédiatrique ont jugé que des progrès plus rapides et plus
efficaces pourraient être réalisés grâce à la collaboration et à
un engagement en faveur de la réalisation d'objectifs communs
pour l'ensemble du pays. C'est ce qui a motivé la création du
Groupe Camerounais d'Oncologie Pédiatrique (GCOP) qui a
pour mission d'améliorer le diagnostic et la prise en charge des
cancers de l'enfant au Cameroun.
Naissance du GCOP
Le premier atelier du GCOP a eu lieu à Yaoundé le 12 mai
2018 en présence de quarante acteurs de la prise en charge
des cancers de l'enfant : journalistes, parents d'enfants
victimes de cancer, membres d'associations d'enfants ayant
survécu au cancer, psychologues, anthropologues, médecins
généralistes, nutritionnistes, pharmaciens, ophtalmologistes,
biologistes, anatomopathologistes, infirmières, chirurgiens et
oncologues pédiatres.
Ce premier atelier a abouti à l'élaboration d'un plan d'action
de cinq ans en vue du développement de services d'oncologie
pédiatrique à l'échelle nationale et à la mise en place d'un
comité exécutif chargé d'officialiser les statuts du Groupe.
L'établissement de ce plan d'action s'est articulé autour de
trois grands axes : (1) la communication et, en particulier,
la sensibilisation et l'amélioration du parcours de soins des
patients ; (2) la prise en charge qui englobe le diagnostic, le
traitement, les soins de confort et les soins palliatifs et la survie
et enfin (3) l'administration, qui regroupe la coordination
des activités de l'association, les interventions auprès des
partenaires locaux et internationaux et la pérennité de
l'association. La mise en œuvre de ce plan a bénéficié d'une
subvention du programme My Child Matters de la Fondation
Sanofi Espoir (9). En septembre 2018, le GCOP a été enregistré
comme association indépendante au Cameroun. En 2019, il a
noué une collaboration officielle avec le Ministère de la Santé
Publique et le Comité National de Lutte contre le Cancer.
Protocole national pour la leucémie aiguë
lymphoblastique
Avant la création du GCOP, la leucémie de l'enfant n'était prise
en charge qu'au CME de Yaoundé. Les principaux oncologues
pédiatres du GCOP ont décidé de faire de la Leucémie Aiguë
Lymphoblastique (LAL) le premier projet visant à améliorer la
prise en charge clinique et les taux de survie des enfants atteints
d'un cancer. Un protocole national a été élaboré pour la prise
en charge de la LAL à risque standard au CME de Yaoundé ainsi
qu'au MBH, tandis qu'un protocole pour la LAL à risque élevé a
été établi en vue de son application uniquement à Yaoundé, où
il est possible d'avoir accès à des transfusions de plaquettes. En
plus d'un traitement médicamenteux de deux ans, le protocole