CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021 33
FACTEURS DE RISQUE
à EBV survient en général dans l'enfance (16-18) et est
souvent asymptomatique à cet âge. EBV persiste ensuite à
vie dans les lymphocytes B, de façon latente et se réactivent
occasionnellement (16,19,20). Cette réactivation, appelée
cycle lytique peut être soit complète, productive aboutissant
à la production de nouveaux virions infectieux et à la lyse de la
cellule infectée ; soit incomplète, abortive sans production de
virus, ni lyse de la cellule (21). Chacune de ces phases du cycle de vie du virus est caractérisée par une expression séquentielle
de protéines virales spécifiques et de transcrits non codants.
Le génome du virus EBV code pour 9 protéines de latences
dont 6 nucléaires (Epstein-Barr Virus Nuclear Antigen (EBNA)
1, 2, 3A, 3B, 3C et LP) et 3 membranaires (Latent Membran
Protein (LMP) 1, 2A et 2B) qui définissent différents profils
de latence (figure 1A). Il code également plus de 80 protéines
du cycle lytique incluant les transactivateurs Zebra (Zta) et
Figure 1: Modèles proposés de développement du lymphome de Burkitt endémique.
A (Phase 1) : Primo-infection à EBV (qui survient très tôt avant 3 ans chez les enfants en zone d'endémie) et établissement de la latence dans les lymphocytes B avec successivement i) une phase de
prolifération avec le programme de croissance (latence III) ; ii) passage dans le CG avec différenciation en centroblastes puis centrocytes : c'est le programme par défaut (latence II) ; iii) sortie du CG
et différenciation en cellule B mémoire qui contient l'épisome du virus sous forme latente sans expression de protéine virale (latence 0) ; iv) expression occasionnelle d'EBNA-1 au cours de la division
cellulaire (latence I). B (Phase 2) : L'exposition chronique et répétée des cellules B mémoires infectées de façon latente à différents stimuli comme le Plasmodium falciparum, le latex d'Euphorbia
tirucalli ou l'aflatoxine B1 favorise la réactivation du virus EBV qui induit une relocalisation de MYC à proximité d'IGH. Cette cellule réactivée est recrutée dans le CG où est surexprimée l'AID sous
l'action entre autres du Plasmodium falciparum ou de certaines protéines virales. Dans le CG, AID introduit des cassures doubles brins sur IGH au cours des processus d'hypermutation somatique et de
commutation isotopique ; une potentielle réexpression des RAG est également suggérée. i) soit la cellule se différencie en plasmocyte et active le cycle lytique productif ; ii) soit le cycle lytique est abortif et
normalement, la cellule rejoint le pool des cellules B mémoires. Cependant, dans certains cas, la proximité MYC-IGH induite par la réactivation du virus augmente la probabilité de cassures doubles brins
simultanées sur MYC et IGH, et donc de translocation entre les deux loci. La surexpression de MYC découlant de la translocation maintient la cellule en prolifération et des mutations additionnelles, des
modifications épigénétiques associées à l'expression de la protéine EBNA1 permettent une résistance à l'apoptose normalement induite par une surexpression de MYC et la persistance du clone tumoral.
Plasmodium falciparum et Euphorbia tirucalli interfèrent également avec la réponse immunitaire T cytotoxique anti-EBV, favorisant l'expansion des cellules B infectées.