FACTEURS DE RISQUE
38 CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021
Évaluation nutritionnelle et prévalence
de la malnutrition chez l'enfant âgé de
0 à 59 mois atteint de cancer
ABDOUL KARIM DOUMBIA (SUR LA PHOTO), DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; PIERRE TOGO, DÉPARTEMENT DE
PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; FOUSSEYNI TRAORÉ, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; ARSÉNE DACKONO,
DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; ABDOU DIARRA, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; YAKARIA
COULIBALY, SERVICE DE CHIRURGIE PÉDIATRIQUE DU CHU GABRIEL TOURÉ; FATOUMATA LÉONIE DIAKITÉ, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE
DU CHU GABRIEL TOURÉ; OUMAR COULIBALY, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; ADAMA DEMBÉLÉ, DÉPARTEMENT
DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; MOHAMED ELMOULOUD CISSÉ, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ;
KARAMOKO SACKO, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; BOUBACAR TOGO, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU
GABRIEL TOURÉ ET CHECK BOUGADARY TRAORE, SERVICE D'ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES DU CHU « POINT G »
Le cancer est une maladie inflammatoire qui altère la
qualité de vie, conduisant à un mauvais pronostic. La
malnutrition constitue un problème majeur en oncologie
pédiatrique surtout dans les pays à ressources limitées (1).
La majorité des cas de cancers pédiatriques survient avant
l'âge de 5 ans et la plupart des patients vivent dans les pays
en développement, où la prévalence de la malnutrition peut
dépasser 50% (2,3). Les enfants atteints de cancer sont
particulièrement vulnérables à la malnutrition. Les prévalences
rapportées vont de 6 à 90% selon le pays dans lequel l'étude a
été menée, la méthode utilisée pour classer l'état nutritionnel,
le diagnostic, le moment de l'évaluation nutritionnelle et le
statut socio-économique du patient (1,2,4,5). Au Mali, les
cancers fréquemment diagnostiqués et traités chez l'enfant
sont les lymphomes, le rétinoblastome, le néphroblastome et
les leucémies (3). Les signes de la malnutrition dépendent de
la localisation de la tumeur et de son stade, et de l'intensité de
la chimiothérapie (1,6). Une nutrition adéquate joue un rôle
déterminant dans la réponse à la chimiothérapie, la qualité de vie et diminue le coût des soins anticancéreux (5, 6). Dans
les pays en développement, l'état de santé est généralement
influencé négativement par les maladies infectieuses et la
malnutrition (7,8). L'impact de la malnutrition en oncologie
pédiatrique est sous-évalué ; alors qu'elle peut augmenter le
risque infectieux, diminuer l'autonomie et altérer la qualité
de vie du malade (2). Le but de ce travail était d'évaluer l'état
nutritionnel des enfants agés de 0 à 59 mois atteints de cancer
et de déterminer la prévalence et les aspects cliniques de la
malnutrition en oncologie pédiatrique.
Méthodologie
L'étude avait été réalisée dans l'unité d'oncologie pédiatrique
(UOP) en collaboration avec l'Unité de Récupération et
d'Education Nutritionnelle Intensive (URENI) du Centre
Hospitalier Universitaire Gabriel Touré de Bamako. L'UOP
est le seul site de prise en charge des enfants atteints de
cancer au Mali. Il comporte dix (10) salles d'hospitalisation
individuelle, une salle pour la préparation de la chimiothérapie,
La malnutrition est fréquente chez les enfants atteints de cancer et constitue un facteur de
mauvais pronostic. Le but de cette étude était d'évaluer l'état nutritionnel des enfants âgés de
0 à 59 mois atteints de cancer et de déterminer la prévalence de la malnutrition en oncologie
pédiatrique. Méthodologie : il s'agissait d'une étude rétro-prospective réalisée dans l'unité
d'oncologie pédiatrique de Bamako, du 1er janvier au 30 juin 2019. L'étude avait intéressé 46
enfants âgés de 0 à 59 mois, suivis pour cancer. La malnutrition avait été évaluée au moment
du diagnostic, en se basant sur les données anthropométriques (rapport poids/taille, périmètre
brachial). Résultats : la malnutrition était présente chez 34% de la population étudiée. Les
nourrissons représentaient 30% des malnutris et provenaient le plus souvent de milieu socioéconomique défavorisé (94%). Sur la base de l'indice poids/taille,
63% des patients avaient une
malnutrition sévère et 37% une malnutrition modérée. Le périmètre brachial était inférieur à la
normale dans 81% des cas. Les cancers les plus fréquents étaient le rétinoblastome, la leucémie
et le néphroblastome. Conclusion : L'évaluation de l'état nutritionnel doit donc être intégrée
dans les soins administrés à tout enfant suivi en oncologie afin d'optimiser sa prise en charge
nutritionnelle. La prise en charge adéquate de la malnutrition permettra d'améliorer la qualité de
vie des patients atteints de cancer.