CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021 75
TRAITEMENTS DES CANCERS
le dosage des marqueurs (marqueurs tumoraux), garde une
place importante dans la démarche diagnostique. On peut
rechercher une augmentation de l'alpha-fœto-protéine
en cas de dysembryome, une augmentation de l'hormone
chorionique gonadotrope (bêta-HCG) en cas de tumeurs
chorio-carcinomateuses.
La chirurgie contribue à la fois au diagnostic et au traitement.
Le diagnostic de certitude dépend de l'anatomopathologiste.
Une concertation pluridisciplinaire (oncologue, radiologue,
chirurgien, pathologiste) permet de planifier le traitement
dont la première étape est souvent, mais non nécessairement,
une chimiothérapie.
Au Mali, l'incidence exacte des cancers pédiatriques et des
tumeurs abdominales malignes reste inconnue. Le but de cette
étude était de décrire les aspects démographiques, cliniques,
pathologiques et évolutifs des tumeurs abdominales malignes
chez les enfants dans l'unité d'oncologie pédiatrique de Bamako.
Méthodologie
L'étude s'est déroulée à l'unité d'oncologie pédiatrique du
CHU Gabriel Touré de Bamako, seule unité de prise en charge
des cancers pédiatriques au Mali. Elle comprend dix salles
d'hospitalisation individuelle, une salle pour la préparation de
la chimiothérapie, une infirmerie, trois bureaux de médecin,
une salle de consultation externe communément appelée «
hôpital du jour » servant aussi de salle pour les gestes médicaux
(cytoponction, myélogramme, ponction lombaire). Le personnel
de l'UOP est constitué de quatre pédiatres-oncologues dont un
Professeur titulaire, un médecin généraliste, cinq infirmières
spécialisées. L'Hôpital du jour reçoit les patients au stade du
diagnostic et ceux qui viennent pour des consultations de suivi
dans l'unité. La prise en charge des patients est multidisciplinaire
(oncologues, chirurgiens, pathologistes, anesthésistes). Le suivi
dépend du diagnostic étiologique. Les patients sont traités selon
les protocoles validés par le groupe franco-africain d'oncologie
pédiatrique (GFAOP).
Il s'agissait d'une étude retro-prospective, étalée sur une
période de 2 ans (1er janvier 2017 au 31 décembre 2018).
Les patients retenus dans le cadre de cette étude étaient
des enfants âgés de 0 à 15 ans ayant présenté une tumeur
abdominale explorée par l'une au moins des techniques
suivantes : échographie ou TDM. Le diagnostic de cancer
avait été confirmé par l'anatomopathologiste. Ceux, n'ayant
bénéficié d'aucune exploration paraclinique et dont l'étiologie
n'avait pas été mise en évidence de façon précise, avaient été
exclus de l'étude.
Les données ont été recueillies sur des fiches d'enquête
individuelles à partir des dossiers médicaux et des registres
du service. Les variables étudiées étaient : les données
sociodémographiques, cliniques, radiologiques (échographie et scanner), biologiques, diagnostiques, évolutives et celles
de la prise en charge thérapeutique. Ces données ont été
analysées à l'aide du logiciel SPSS20.
Résultats
Cette étude avait retenu 46 dossiers de patients atteints
d'une tumeur abdominale maligne. Le sex-ratio était de 1,7.
Les enfants de moins de 5 ans représentaient 65% de l'effectif.
Dans cette étude, cinq patients (soit 10%) étaient âgés de
moins d'un an, 54% des patients avaient un âge compris entre
un et six ans, 20% avaient entre six et 10 ans et 15% avaient
un âge compris entre 10 et 15 ans. L'âge moyen était de 5,2 ans
avec des extrêmes de 4 mois et 14 ans. Les patients étaient
scolarisés dans 20% des cas. Ils résidaient hors de Bamako
dans 57% des cas. Ils avaient été repérés dans 87% des cas
pour masse abdominale. Ils étaient référés pour suspicion
de cancer dans 35% des cas. Le niveau socioéconomique des
parents était bas dans 67% des cas. Aucune notion de cancer
familial n'était retrouvée. La tumeur était découverte par la
mère dans 33% des cas.
Le délai moyen de consultation était de 12 semaines avec des
extrêmes de 2 et 52 semaines. Le délai moyen de diagnostic
était de 8 jours avec des extrêmes de 1 et 45 jours. La tumeur
était le plus souvent dure (89%), immobile (72%) et douloureuse
(46%). La masse était localisée dans les flancs (gauche ou droit)
dans 35% des cas et diffuse dans 19% des cas. L'examen clinique
avait aussi permis d'observer un amaigrissement (80%), des
adénopathies (22%) et de la fièvre (17%). La tumeur était retropéritonéale dans 65% des cas.
La tumeur était solide dans 93% et hétérogène dans 76%
des cas. La tumeur était métastatique dans 24% des cas.
Les métastases étaient localisées au niveau des poumons
dans 12%. Le taux d'hémoglobine était inférieur à 8g/dl dans
35% des cas. Le taux des plaquettes était abaissé dans 11%
des cas et anormalement élevé dans 35% des cas. Le taux de
leucocytes était élevé dans 11% des cas. La cyto-ponction avait
été réalisée dans 43%, la biopsie dans 37% et le myélogramme
dans 15% des cas. La moelle osseuse était envahie dans 3 cas
sur 7.
Le néphroblastome a été le cancer le plus fréquemment
diagnostiqué (52%). Le cancer était au stade 1 ou 2 dans 55%
des cas. Les patients avaient reçu une chimiothérapie dans
98% des cas. Les patients étaient traités selon les protocoles
proposés par le GFAOP. La durée moyenne de la chimiothérapie
était de 11 semaines avec une extrême de 1 et 42 semaines.
Les toxicités ont été observées dans 80% des cas. Une toxicité
hématologique avait été observée chez 54% des cas et une
toxicité digestive chez 56% des patients. Une exérèse totale
avait été réalisée chez 30% des patients. Une rémission avait
été observée chez 65% des patients et 56% des patients