INITIATIVES ET PROGRAMMES DE LUTTE CONTRE LE CANCER
24 CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021
prévoit des recommandations pour les soins de soutien à
prodiguer aux enfants atteints de leucémie. Ce protocole a
été élaboré en collaboration avec des partenaires de jumelage,
à savoir le Children's Hospital de Leeds au Royaume-Uni et
l'Université Stellenbosch, en Afrique du Sud. L'Alternative Hair
Charity du Royaume-Uni a financé la mise à disposition de
médicaments de chimiothérapie gratuits et subventionné les
médicaments nécessaires aux soins de soutien, tandis que les
frais de transport, de repas et d'hébergement ont été financés
par la suite par la Fondation Sanofi Espoir et le World Child
Cancer UK.
Le nombre de diagnostics de leucémie était très faible
et sans commune mesure avec le nombre auquel il fallait
normalement s'attendre selon les estimations mondiales
(2). Cela était probablement dû au fait que les signes de la
leucémie ressemblent généralement à ceux d'autres maladies
infectieuses, ce qui entraîne des erreurs de diagnostic et la
mise en œuvre d'un traitement inadéquat en raison d'un faible
indice de suspicion de la part des professionnels de santé.
Au cours de la première semaine d'août 2019, une équipe
d'experts du GCOP a mené une campagne de sensibilisation au
diagnostic précoce dans la région littorale du Cameroun. Les
bénéficiaires de cette campagne étaient les professionnels de
santé des districts sanitaires de Loum, Bonassama, Logbaba,
Cité des Palmiers et Edea. Plus de 200 professionnels de santé,
infirmières, médecins généralistes et pédiatres y ont pris part.
Protocole du GCOP concernant le rétinoblastome et
élaboration d'une stratégie nationale
Le rétinoblastome est l'un des cancers prioritaires de
l'Initiative Mondiale de Lutte contre le Cancer de l'enfant.
Environ 48 enfants devraient développer un rétinoblastome au
Cameroun chaque année (10). Selon un rapport du programme
des Services de santé de la Convention Baptiste du Cameroun
(CBCHS, Cameroon Baptist Convention Health Services),
59,2 % des enfants survivent au rétinoblastome, le diagnostic
tardif étant la première cause de décès (11). Par conséquent, le
GCOP s'est employé à élaborer une stratégie globale de lutte
contre cette maladie.
Cette stratégie a été élaborée dans une optique collaborative
et pluridisciplinaire. Parmi les professionnels concernés
figuraient des oncologues pédiatres, des ophtalmologistes,
des chirurgiens pédiatres, des pharmaciens, des infirmières,
des psychologues, des anthropologues, des biologistes, des
épidémiologistes et des enfants ayant survécu au cancer.
Plusieurs grandes institutions y ont également participé
dont le Comité National de Lutte contre le Cancer, le Groupe
Camerounais d'Oncologie Pédiatrique, les Services de santé de
la Convention Baptiste du Cameroun, World Child Cancer et le
Children's Hospital de Leeds.
Cette initiative a pour ambition de faire en sorte que
chaque enfant atteint d'un rétinoblastome puisse devenir
un adulte productif. La stratégie s'articule autour de dix
axes: sensibilisation (signes avant-coureurs, disponibilité du
traitement, pronostic), diagnostic et orientation, traitement,
soutien familial, suivi psycho-social, soins palliatifs, survie,
plaidoyer, recherche et renforcement des capacités. Un
nouveau protocole national de traitement du rétinoblastome
a été élaboré et, avec ses collaborateurs, le GCOP s'emploie
actuellement à mobiliser les ressources nécessaires pour que
ce protocole thérapeutique soit accessible à tous les patients
et pour le déploiement d'une stratégie globale.
Initiative de développement des soins palliatifs du
GCOP
Les soins palliatifs pédiatriques sont sous-développés au
Cameroun et seuls existent quelques programmes de soins
palliatifs en milieu hospitalier ou à domicile dispensés par des
infirmières spécialisées (12). Le GCOP a tiré parti du savoirfaire et de l'expérience
des principaux oncologues pédiatres
spécialisés dans les soins palliatifs et d'autres membres
d'équipes pluridisciplinaires pour que des soins palliatifs
soient accessibles à tous les enfants atteints de cancer sur le
territoire national. Deux ateliers de formation sur les soins
palliatifs pédiatriques ont été organisés et des programmes
de soins palliatifs à domicile ont été mis en place dans deux
autres centres de Yaoundé et de Buea, sur le modèle des
services proposés au Mbingo Baptist Hospital depuis 2013
(13). Parmi les animateurs de ces ateliers figuraient des
infirmières spécialisées en soins palliatifs pédiatriques, des
psychologues cliniciens, des anthropologues médicaux et des
conseillers psycho-spirituels. Dans le cadre de ses activités
pour 2021, le GCOP organisera des formations sur les soins
palliatifs pédiatriques pour les professionnels de santé du nord
du Cameroun et mettra en place un quatrième programme de
soins palliatifs à domicile.
Sensibilisation
Au Cameroun, le degré de sensibilisation de la population
générale aux cancers de l'enfant est faible et la présence des
signes précoces les plus courants de cancer n'éveillent pas
nécessairement la suspicion des professionnels de santé
(faible indice de suspicion) (14). Il en résulte une trajectoire
périlleuse, depuis l'apparition de la maladie jusqu'au
diagnostic et au traitement avec, en particulier, le recours
à des médicaments traditionnels et complémentaires, ce
qui compromet d'autant les chances de survie (15,16). En
pIus des initiatives d'éducation des professionnels de santé
sur la leucémie dans la région du littoral, les spécialistes de
l'oncologie pédiatrique du Cameroun mènent régulièrement