TRAITEMENTS DES CANCERS
64 CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021
Prise en charge du néphroblastome à
Bamako : à propos de 18 cas
ABDOUL KARIM DOUMBIA (SUR LA PHOTO), DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; PIERRE TOGO, DÉPARTEMENT DE
PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; FOUSSEYNI TRAORÉ, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; ARSÉNE DACKONO,
DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; ABDOU DIARRA, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; YAKARIA
COULIBALY, SERVICE DE CHIRURGIE PÉDIATRIQUE DU CHU GABRIEL TOURÉ; ABDOUL AZIZ DIAKITÉ, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE
DU CHU GABRIEL TOURÉ; ADAMA DEMBÉLÉ, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; HAWA DIALL, DÉPARTEMENT
DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; BELCO MAIGA, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; KARAMOKO SACKO,
DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ; BOUBACAR TOGO, DÉPARTEMENT DE PÉDIATRIE DU CHU GABRIEL TOURÉ ET
CHECK BOUGADARY TRAORE, SERVICE D'ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES DU CHU « POINT G »
Le néphroblastome (ou tumeur de Wilms) est la tumeur
rénale maligne la plus fréquente chez l'enfant (1). Il
représente plus de 90% des tumeurs rénales de l'enfant
et constitue 5 à 15% de l'ensemble des cancers pédiatriques
selon les séries (1,2,3). Au Mali, il occupe le quatrième rang
des cancers pédiatriques (4). L'âge de prédilection se situe
entre 1 et 5 ans avec une égale répartition entre les deux sexes
(1,2). Le plus souvent un seul rein est concerné (95%) (1,3).
Cliniquement, il se présente comme une masse abdominale à
développement antérieur rapide (1,2). Les formes bilatérales
existent surtout chez les très jeunes enfants et représentent
6,5% de l'ensemble des cas (3,5). Le néphroblastome peut
s'inscrire dans un cadre pluri-malformatif et 1% des cas sont des
formes familiales (1,5,6). Dans sa forme classique, il comporte
3 types de tissu (blastémateux, épithélial et mésenchymateux)
(1,2). Il s'agit d'un cancer curable dans la plupart des cas et son
traitement obéit à des règles strictes. La chirurgie encadrée
par la chimiothérapie constitue le traitement essentiel de cette
affection quel que soit le stade évolutif (2,6). Le pronostic des
néphroblastomes d'histologie dite « favorable » et des formes
localisées s'est régulièrement amélioré grâce aux progrès
considérables réalisés dans sa prise en charge (2). Les résultats
médiocres sont attribués à la consultation tardive, à la pauvreté et à l'indisponibilité des médicaments (4, 7). Disposant, grâce
au GFAOP, de drogues anticancéreuses depuis 2005 pour
traiter nos enfants atteints de cancer, nous avons initié ce
travail afin d'étudier les caractéristiques épidémiologiques et
cliniques des patients et les résultats de la prise en charge.
Méthodologie
Cette étude transversale a été réalisée dans l'unité d'oncologie
pédiatrique de Bamako de janvier 2014 à décembre 2015.
Elle avait inclus tous les dossiers des patients admis pour
néphroblastome traité selon le protocole du GFAOP dans
les services de pédiatrie et de chirurgie pédiatrique durant
la période d'étude. Le diagnostic de néphroblastome avait
été retenu sur la base de l'examen anatomopathologique
de la pièce opératoire. Le protocole thérapeutique utilisé
était celui du groupe franco-africain d'oncologie pédiatrique.
Le protocole GFA-Nephro 2005 du GFAOP comprend une
chimiothérapie primaire adaptée à l'étendue initiale de la
tumeur. Les patients avec une tumeur rénale unilatérale
localisée ont reçu 4 cures de Vincristine et Actinomycine D.
Les patients présentant des métastases avaient reçu un régime
préopératoire de 6 semaines avec Vincristine, Actinomycine D
et Doxorubicine. Une urétéro-néphrectomie élargie avait été
Cette étude avait pour but de faire l'état des lieux de la prise en charge du néphroblastome
dans l'unité d'oncologie pédiatrique (UOP) du CHU Gabriel Touré. Il s'agissait d'une étude
transversale portant sur 18 cas de néphroblastome unilatéral, menée de janvier 2015 à
décembre 2016. L'âge moyen des patients était de 33 mois. Le sex-ratio était de 0,63. Le délai
moyen de consultation était de 3 mois. Un cas de syndrome malformatif (aniridie et retard
mental) avait été observé. Le principal motif de consultation était la masse abdominale (100%)
associée à une altération de l'état général (44%), une douleur (44%) et une fièvre (17%). Le
stade I représentait 61% et le stade II 39%. La classification histologique post-opératoire avait
permis de retrouver le type blastemateux de haut risque (33%), les type régressif, stromal et
mixte de risque intermédiaire (67%). Les toxicités étaient hématologiques (anémie), digestives
(vomissements, mucite) et l'alopécie. La survie globale à 3 ans était de 90%. Cette étude se
caractérise par la prédominance des stades I et II et le pourcentage assez important d'histologie
à risque intermédiaire. Ces résultats sont surtout le fruit d'une collaboration multidisciplinaire.