CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021 49
DIAGNOSTIC
observer au Sénégal (7).
Au Sénégal, le pourcentage de diagnostics
de LA dans le cadre des hémopathies
malignes a augmenté significativement,
passant de 5% en 1999 à 25% 20 ans
plus tard. Cette augmentation est liée à
plusieurs facteurs tels que : la création et
le développement d'une unité d'oncologie
pédiatrique, l'augmentation de l'expertise
locale capable de poser le diagnostic de
leucémie, la mise en place de techniques
complémentaires comme la cytochimie, le
télédiagnostic et la pratique transitoire de
l'immunomarquage.
Les autres pathologies mises en évidence
au cours des 10 années colligées sont, par ordre de fréquence
: les dysplasies médullaires qui représentaient 20% des
pathologies médullaires comme ce fut le cas il y a 20 ans au
Sénégal (3). Par contre, de plus faibles proportions sont trouvées
en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso et à Madagascar (7-8).
Quant aux syndromes lymphoprolifératifs et métastases
médullaires de tumeurs extra-hématopoïétiques, leur
proportion est restée stable au cours des 20 dernières années;
autour de 15% comme retrouvé au Ghana et à Madagascar
(8-9).
Les syndromes myéloprolifératifs ont largement bénéficié
de la cytogénétique et biologie moléculaire au cours des
années 2010, avec la mise en place de méthodes délocalisées
(POCT) à Dakar, ramenant sa part parmi les myélogrammes
pathologiques de 16% à 4% entre 1999 et 2019.
Tous ces travaux effectués en Afrique et ailleurs (10-11)
montrent la place du myélogramme dans les diagnostics de
hémopathies malignes qui lorsqu'elles sont aigües, constituent
de véritables urgences.
La création en 2020 du Centre de Référence pour le
Diagnostic des Cancer de l'Enfant (CRDCE) offre de belles
perspectives d'amélioration pour le diagnostique et la
classification des LA, avec la mise en place de techniques
d'immunophénotypage, de biologie moléculaire et de
cytogénétique.
Malgré les limites de ce travail liées au recueil rétrospectif
de données à partir de registres, l'analyse de ces données
(rétrospectives) montre déjà l'amélioration diagnostique, avec
l'apport de techniques complémentaires comme la cytochimie
et la biologie moléculaire délocalisée. L'étude prospective des
cas diagnostiqués dans le cadre du CRDCE, avec un système
de recueil exhaustif des données, montrera et confirmera
l'importance de la confrontation des données morphologiques.
Restant la démarche initiale du diagnostic et l'orientation
vers les techniques complémentaires (immunophénotypage,
au myélogramme. Les carences en B12/folate (100 cas), la
chimiothérapie et la prise de médicaments traditionnels
en constituent les principales causes. Cette dysplasie était
souvent associée à un syndrome d'activation macrophagique
(32 cas). Les syndromes lymphoprolifératifs, surtout retrouvés
chez l'adulte, concernent essentiellement les dysglobulinémies
allant des gammapathies non déterminées (MGUS) : 12
patients à la leucémie à plasmocytes (3 cas) en passant par le
myélome : 145 patients.
Les syndromes myéloprolifératifs et métastases médullaires
de tumeurs extra-hématopoïétiques ont également fait l'objet de
diagnostics au laboratoire d'Hématologie de l'HALD (figure 2).
Discussion
De la suspicion clinique et cytologique sur le frottis du sang
périphérique, le diagnostic des hémopathies malignes requiert
les compétences de plusieurs spécialistes : hématologiste,
immunologiste, moléculariste et cytogénéticien.
La cytologie a pendant longtemps constituée le seul outil
diagnostique et de classification des LA avec deux grands
groupes: les LAL et les LAM.
Dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, la
cytologie constitue encore le seul moyen diagnostique des
hémopathies malignes (4,5,6,7).
Au début des années 2000, des travaux réalisés
au Sénégal et en Côte d'Ivoire (5,6) ont montré une
prédominance des syndromes lymphoprolifératifs ou
myéloprolifératifs chroniques ; les LA ne représentaient que
5 à 10% des hémopathies malignes, avec cependant un profil
épidémiologique voisin du nôtre : âge moyen entre 30 et 35
ans avec, par contre, une prédominance masculine. En 2014,
la Guinée retrouve les mêmes proportions de LA (4). Par
contre en 2017, sur 2338 myélogrammes effectués en 10 ans,
RAKOTOARIVELO ZH à Madagascar retrouve un pourcentage
de LA de 58%, soit deux fois supérieur à ce que nous avions pu
0
50
100
150
200
250
Dysplasie
médullaire
MyélomeSAM Aplasie
ou hypoplasie
médullaire
Métastases
médullaires
LMC
LMC = Leucémie Myéloïde Chronique, SAM = Syndrome d'Activation Macrophagique
Figure 2: Autres pathologies diagnostiquées sur le myélogramme