CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021 47
DIAGNOSTIC
Le myélogramme, bilan de 5 années
d'activité : de la cytologie à la
cytochimie
A O TOURE (SUR LA PHOTO), LABORATOIRE D'HÉMATOLOGIE DE L'HÔPITAL ARISTIDE LE DANTEC, UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP,
DAKAR, SÉNÉGAL; F B SALL, LABORATOIRE D'HÉMATOLOGIE DE L'HÔPITAL ARISTIDE LE DANTEC, UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP, DAKAR,
SÉNÉGAL; A SALL, LABORATOIRE D'HÉMATOLOGIE DE L'HÔPITAL DALAL JAMM, UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP, DAKAR, SÉNÉGAL;
O YAYEH, LABORATOIRE D'HÉMATOLOGIE DE L'HÔPITAL ARISTIDE LE DANTEC, UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP, DAKAR, SÉNÉGAL;
F B DIAGNE, ND DIOUF, UNITÉ D'ONCOLOGIE PÉDIATRIQUE DE L'HÔPITAL ARISTIDE LE DANTEC, DAKAR, SÉNÉGAL ET M RAPHAEL,
ALLIANCE MONDIALE CONTRE LE CANCER, INSTITUT CURIE, PARIS, FRANCE
I
nfiltrée ou porteuse d'une pathologie intrinsèque, la moelle
osseuse est parfois atteinte par des pathologies graves
pouvant engager le pronostic vital. L'étude cytologique
qualitative et quantitative des précurseurs médullaires
ou myélogramme constitue, avec la cytologie sanguine, la
première étape du diagnostic des hémopathies malignes.
Cet examen, effectué au laboratoire, est d'un grand intérêt
dans le diagnostic et le suivi des hémopathies (1,2).
Selon le type de cellules et le stade de maturation, la
morphologie a constitué le premier critère de la classification
FAB des leucémies aigües (LA) (3).
Dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, le
myélogramme constitue encore le seul moyen diagnostique
des LA. Le Sénégal, où le myélogramme a constitué au cours des
années 90 et 2000 le seul moyen diagnostic des LA, a bénéficié à
la fin de la décennie 90 et au début des années 2000 de l'apport
de la cytochimie et plus récemment de l'immunophénotypage
par la mise en place de la Cytométrie en flux avec une nette
incidence sur la précision diagnostique.
Nous proposons une évaluation de 5 années de pratique
au Sénégal au sein du laboratoire d'hématologie de l'hôpital
Aristide Le Dantec (HALD) à partir de nos registres.
Méthodes
Les prélèvements de moelle osseuse sont effectués au sein du laboratoire d'hématologie de l'HALD ou au lit du malade.
L'examen du frottis, après coloration au May Grunwald
Giemsa, donne lieu à un diagnostic cytologique plus ou moins
formel. Lorsque la cytologie est évocatrice de LA, le marquage
cytochimique est effectué en vue de classer la leucémie en LA
lymphoblastique (LAL) ou myéloblastique (LAM).
Sur la base du registre physique utilisé en sus de
l'enregistrement électronique, nous avons effectué une
collecte rétrospective des données épidémiologiques (âge,
sexe et service demandeur), cliniques (indications), ainsi que
les résultats cytologiques et cytochimiques.
Les lames cytologiquement évocatrices ont bénéficié d'une
classification selon la classification FAB (3).
Celle-ci classe les LAL en 3 types :
J LAL type 1 : prolifération homogène de petits
lymphoblastes
J LAL type 2 : prolifération hétérogène de petit et grands
lymphoblastes
J LAL type 3 : LAL de type Burkitt
Et les LAM en 8 types :
J LAM0 : LAM peu différenciée
J LAM1 : LAM sans maturation granuleuse
J LAM2 : LAM avec maturation granuleuse
J LAM3 : LAM promyélocytaire
Le myélogramme, moyen diagnostique des leucémies aiguës (LA) au Sénégal, n'a bénéficié qu'à la
fin de la décennie 2000 de l'apport de la cytochimie et plus récemment de l'immunophénotypage
pour une caractérisation plus précise. A partir des registres, le bilan de 5 années de pratique
au laboratoire d'hématologie de l'hôpital Aristide Le Dantec représente 1301 myélogrammes,
montrant l'évolution du diagnostic de LA : lymphoblastique (LAL : 154 cas) et myéloblastique (LAM
: 97 cas). La cytochimie a confirmé 91 cas de LAL et 30 cas de LAM. La mise en place récente de
l'immunophénotypage au sein du Centre de Référence pour le Diagnostic des Cancers de l'Enfant,
avec l'implantation de la cytogénétique et de la biologie moléculaire, apportera les techniques
nécessaires au diagnostic selon les critères de l'OMS.