CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021 67
TRAITEMENTS DES CANCERS
Recommandations de prise en
charge pluridisciplinaire des enfants
atteints de rétinoblastome en
Afrique subsaharienne
PIERRE BEY (SUR LA PHOTO), ALLIANCE MONDIALE CONTRE LE CANCER (AMCC), INSTITUT CURIE, PARIS; GROUPE FRANCO-AFRICAIN
D'ONCOLOGIE PÉDIATRIQUE (GFAOP); FOUSSEYNI TRAORE, ALLIANCE MONDIALE CONTRE LE CANCER (AMCC), GROUPE FRANCOAFRICAIN D'ONCOLOGIE
PÉDIATRIQUE (GFAOP), CHU GABRIEL TOURÉ, BAMAKO; FATOUMATA SYLLA, ALLIANCE MONDIALE CONTRE
LE CANCER (AMCC), GROUPE FRANCO-AFRICAIN D'ONCOLOGIE PÉDIATRIQUE (GFAOP), INSTITUT D'OPHTALMOLOGIE TROPICALE
DE L'AFRIQUE (IOTA); AICHATA TALL, INSTITUT D'OPHTALMOLOGIE TROPICALE DE L'AFRIQUE (IOTA); LAURENCE DESJARDINS,
ALLIANCE MONDIALE CONTRE LE CANCER (AMCC), INSTITUT CURIE, PARIS; KARIM ASSANI, ALLIANCE MONDIALE CONTRE LE CANCER
(AMCC), INSTITUT CURIE, PARIS, GROUPE FRANCO-AFRICAIN D'ONCOLOGIE PÉDIATRIQUE (GFAOP); PAULE AÏDA NDOYE, ALLIANCE
MONDIALE CONTRE LE CANCER (AMCC), HÔPITAL ARISTIDE LE DANTEC, DAKAR, FATOU BINETOU DIAGNE, GROUPE FRANCOAFRICAIN D'ONCOLOGIE
PÉDIATRIQUE (GFAOP), HÔPITAL ARISTIDE LE DANTEC, DAKAR; AÏSSATA BARRY, GROUPE FRANCO-AFRICAIN
D'ONCOLOGIE PÉDIATRIQUE (GFAOP); HÔPITAL DONKA CONAKRY; MOUSTAPHA DIOP, HÔPITAL DONKA CONAKRY; THIERNO
MADJOU BAH, CENTRE OPHTALMOLOGIQUE CADESSO DE DONKA, CONAKRY; PASCAL SIRIGNANO, ALLIANCE MONDIALE CONTRE
LE CANCER (AMCC) ET JEAN MICHON, INSTITUT CURIE, PARIS, GROUPE FRANCO-AFRICAIN D'ONCOLOGIE PÉDIATRIQUE (GFAOP)
Si la pluridisciplinarité s'impose à la pratique de la
cancérologie dans les pays à haut revenu depuis de
nombreuses années (1), sa mise en œuvre a pris du
temps avant d'être effective et généralisée. En France, il a fallu
attendre les années 2010 pour qu'un avis pluridisciplinaire
soit rendu obligatoire pour que chaque patient atteint d'un
cancer puisse être pris en charge pour son traitement. Pour les
enfants atteints de cancer en France, la pluridisciplinarité était
effective bien avant, en raison d'une structuration spécifique
et du nombre limité de cas chaque année.
En Afrique francophone et pour les cancers de l'enfant, la
situation est liée au développement du Groupe Franco-Africain
d'Oncologie Pédiatrique (GFAOP).
Depuis sa création en 2000 par le Pr Jean Lemerle de
l'Institut Gustave Roussy et quelques pédiatres africains
francophones, le GFAOP est resté attaché à ses fondamentaux,
à savoir offrir des formations en oncologie pédiatrique pour
médecins pédiatres et généralistes, pour infirmiers et pour
d'autres acteurs de santé. L'objectif était que les enfants
africains atteints de cancers puissent être traités sur place par
des équipes compétentes avec des chances de guérison qui étaient initialement de moins de 20% afin qu'elles rejoignent
progressivement celles observées en France à l'époque d'au
moins 70%.
Dès les premières années, le GFAOP a encouragé la rédaction
de recommandations thérapeutiques par les comités des 5
tumeurs de l'enfant fréquentes et hautement curables dans
les pays à haut revenu : Lymphomes (de Burkitt et de Hodgkin),
néphroblastome, leucémie aigüe lymphoblastique de risque
standard et rétinoblastome (RB). Il a fourni les médicaments
anticancéreux pour les enfants atteints de ces 5 cancers dans
les cas accessibles à un traitement à visée curative.
Ces recommandations établies en commun s'appuyaient
sur les données acquises de la science dans les pays à haut
revenu mais chaque fois que nécessaire, avec une adaptation
aux conditions particulières de certains pays qui n'offraient
pas tous les moyens thérapeutiques (par exemple absence de
radiothérapie) ou en termes de soins de support (par exemple
limités en transfusions, antibiothérapie…).
A partir de 2010, au sein de l'Alliance Mondiale Contre
le Cancer (AMCC), sous la direction de Pierre Bey nouveau
président de l'AMCC et ancien directeur de l'hôpital
Le rétinoblastome est une tumeur maligne rare de la rétine (50 cas/an en France mais 1 500 en
Afrique sub-saharienne). Il touche les jeunes enfants avant 4 ans et même avant 1 an pour les
cas bilatéraux (30 à 40%). Le taux de guérison dépasse 95% en France avec conservation d'une
vision utile dans les cas bilatéraux mais reste inférieur à 30% dans les pays à bas revenu dû à un
diagnostic tardif et une difficulté d'accès à une équipe formée. L'énucléation reste essentielle pour la
guérison et la réhabilitation par prothèse est indispensable. Le coût total pour un cas diagnostiqué
tôt n'excède pas 1 000€ avec 70% de chances de guérison.