CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021 21
INITIATIVES ET PROGRAMMES DE LUTTE CONTRE LE CANCER
chacune des iles. Un résumé du dossier avec les principaux
éléments du suivi lui sont adressés avant le retour de l'enfant
et ses coordonnées sont transmises au parent accompagnant.
Les éléments nécessaires au suivi des enfants sur place sont
donc réunis. Cependant, les conditions locales de prises en
charges sont telles qu'il est probable que la plupart des enfants
rentrant aux Comores ne soient pas suivis. Une évaluation de
cette organisation est nécessaire.
Les difficultés de retour à domicile en fin de traitement
sont réelles et fréquentes. Un certain nombre de parent
accompagnant refusent de repartir et se retrouvent alors en
situation irrégulière sur le territoire français. Le suivi médical
continue à être assuré localement mais aucune aide à la
régularisation ne peut être apportée une fois le traitement
terminé. Les difficultés de réinsertion des enfants non
accompagnés sont également majeures car certains d'entre
eux, arrivés très jeunes, ont oubliés leurs parents et même
parfois leur langue maternelle. Le travail sur le maintien du
lien est fondamental. Cependant ces difficultés existent et
demandent à être évaluées.
Coopération régionale
Le service d'oncologie pédiatrique est donc un acteur majeur
de la prise en charge des cancers dans l'océan indien. A ce titre,
il a tissé des liens avec les différentes îles avoisinantes. Un
jumelage du service avec celui de Tananarive à Madagascar a
été réalisé dans le cadre des travaux du GFAOP. Deux missions
par an sont réalisées sur place afin d'aider les collègues
malgaches à se structurer et à organiser leur service. Des
protocoles de traitement adaptés à ce pays sont écrit et
développés par le GFAOP et une aide financière est apportée
par le biais de donations des médicaments nécessaires à la
réalisation de ces traitements.
Conclusion
Le service d'oncologie pédiatrique de l'île de la Réunion assure
la prise en charge des enfants des 2 départements d'OutreMer français
de la zone. De nombreux enfants étrangers sont
également traités dans le service et une organisation spécifique
a été mise en place pour eux. Il reste cependant beaucoup
d'enfants qui ne peuvent accéder à des soins de qualité dans
les pays les moins avancés et une collaboration internationale
est indispensable afin de lutter contre ces inégalités. C'est
uniquement ainsi que les objectifs fixés par l'OMS au travers
du GICC (Global Initiative for Children Cancer) 2 pourront
être atteint, visant à porter à 60% le taux de survie des enfants atteints de cancer dans le monde à l'horizon 2030. n
Docteur Yves Réguerre, Praticien hospitalier, Pédiatre et chef
du service d'oncologie hématologie pédiatrique du CHU de
Saint Denis de La Réunion. Ancien chef de clinique du service de
l'hôpital Saint Louis à Paris.
1. C. Chaussy et S. Merceron. A Mayotte, près d'un habitant sur deux est de nationalité
étrangère. Insee Première, février 2019, N°1737.
2. https://www.who.int/cancer/childhood-cancer/en/
Références