DIAGNOSTIC
Intérêt de l'utilisation de la
télépathologie dans le diagnostic
des syndromes lymphoprolifératifs :
Expérience du Sénégal
ABIBATOU SALL (SUR LA PHOTO), HÉMATOLOGIE, UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP, DAKAR, SÉNÉGAL; JULIEN ILUNGA, UNIVERSITÉ
DE LUBUMBASHI, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO; NINA HIRWUTZ, UNIVERSITÉ DE BÂLE, SUISSE; AWA OUMAR TOURÉ,
HÉMATOLOGIE, UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP, DAKAR, SÉNÉGAL ET MARTINE RAPHAËL, ALLIANCE MONDIALE CONTRE LE CANCER
(AMCC), UNIVERSITÉ PARIS SACLAY, FRANCE
La télépathologie est une application de la télémédecine qui
peut être définie comme une transmission électronique
d'images histologiques et/ou cytologiques à distance
dans un but diagnostique, de recherche ou d'éducation. Les
premières expériences de la télépathologie remontent aux
années 1980 aux États Unis (1). Depuis le début des années
2000, elle est devenue un domaine en pleine croissance, de
plus en plus pertinent. De nos jours, elle est acceptée comme
faisant partie des services consultatifs de routine.
Le système i-Path développé par l'Université de Bâle (Suisse)
est un serveur de télépathologie basé sur un logiciel Open
Source et accessible depuis tout ordinateur disposant d'une
connexion internet (2). Si cet outil est largement utilisé pour
les images histologiques (3, 4, 5), très peu de données existent
pour l'évaluation de la morphologie cellulaire des frottis
sanguins. L'obtention d'images cytologiques de bonne qualité
dépend de plusieurs paramètres à la fois humains (étalement
du frottis en couche mince, bonne coloration) et techniques
(microscope avec un fort grossissement, un bon éclairage et
une très bonne résolution).
Dans cette étude, nous avons téléchargé des images
cytologiques (mais aussi des graphes de cytométrie ou de
FISH suivant leur disponibilité) dans la plateforme i-Path et
trois experts ont donné leur avis. Nous nous sommes proposés
d'étudier la fiabilité diagnostique basée sur les images, au-delà
des limites de confection des frottis et des photographies.
Matériels et Méthodes
Patients
Les frottis sanguins des 64 patients inclus dans cette étude ont été
confectionnés par le même technicien expérimenté. La qualité
des frottis (étalement en couche mince, entièrement contenu
dans la lame et distant des bords) a été vérifié à chaque fois par
le même biologiste. Les lames ont été colorées manuellement au
May Grunwald Giemsa avec une procédure identique pour tous
les patients. Pour chaque patient, 3 à 5 images cytologiques ont
été capturées (x100) avec le microscope Motic Image Plus 2.0
(résolution de 150 dpi, taille 1024 x 768 pixels) puis téléchargées
dans la plateforme i-Path accompagnées d'un résumé clinique (si
disponible) ainsi que des valeurs de l'hémogramme.
L'immunophénotypage par cytométrie en flux, disponibles
chez tous les patients, a été effectuée avec le FacsCalibur
4 couleurs des laboratoires BD (Beckson Dickinson, USA).
L'hybridation fluorescente in situ (FISH) a été effectuée avec les
sondes Vysis (Abbott, USA).
Un dossier a été créé pour chaque patient, comportant:
âge, sexe, résumé clinique, galerie d'images cytologiques,
phénotypiques et cytogénétiques, lorsqu'elles étaient
disponibles (figure 1).
Experts
Trois experts ont participé à la revue des différents dossiers.
L'expert 1, biologiste hématologiste et hémato-pathologiste,
Objectif : Évaluer la précision des diagnostics basés sur des images cytologiques transmises par
télépathologie. Méthodes : Nous avons utilisé la plateforme IPATH , développée par l'université
de Bâle (Suisse), pour la transmission d'images cytologiques. Trois experts ont donné leur avis
et nous avons comparé leur avis avec le diagnostic de référence. Résultats : Les dossiers de
64 patients atteints de syndromes lymphoprolifératifs (SLP) B ou T ont été téléchargés dans la
plateforme i-Path. Le coefficient de concordance globale entre les diagnostics de référence et
ceux des auteurs était excellent avec kappa= 0,9. Conclusion : La télépathologie est un outil
intéressant d'aide au diagnostic.
54 CANCER CONTROL FRANCOPHONE 2021